Histoire
Le paysage de Saint-Émilion est un paysage viticole et culturel historique conservé dans un état proche de celui du milieu du XIXème siècle. Saint-Émilion – de par son histoire dans l’Antiquité Romaine puis à son grand développement au Moyen-Age – compte de nombreuses églises, chapelles et monastères du XIème siècle. Cette longue histoire est également associée au développement de la viticulture introduite dans cette région fertile par les Romains. Les caractéristiques des monuments, de l’architecture et des paysages, l’alliance du bâti et du non bâti, des pierres, des vignes et des parcs se tissent dans une tapisserie culturelle et urbaine unique.
Caractère du site
Le site dédié au projet se trouve sur le plateau argilo-calcaire de la « Croix Gaudin » à environ un kilomètre au Sud-Ouest du centre historique de Saint-Émilion. Les abords du plateau sont définis par la ceinture méditerranéenne et la zone des coteaux, crêtes et combes. Ce relief très marqué offre une vue panoramique imprenable et unique sur la vallée de la Dordogne. Le contexte existant est composé de trois éléments caractéristiques : l’omniprésence des vignes, le parc de la Magdelaine, voisin à notre site, et une maison en pierre, construite en 1845, qui doit être conservée dans le cadre du projet futur.
Paysage, Patrimoine et Architecture
Le parc existant de la Magdelaine est prolongé depuis l’autre côté de la route vers notre parcelle avec une matérialité et une palette végétale similaire, notamment des chênes verts, tilleuls et érables sycomores.
Ce parc, véritable ilot de fraicheur dans un paysage Saint-Émilionnais peu arboré, est l’ouverture d’une séquence d’espaces architecturaux qui définit l’ensemble monolithique du nouveau chai « Bélair- Monange ».
Le caractère sculptural de la maison existante en pierre est renforcé en bouchant la majorité de ses baies, légèrement en retrait du nu extérieur de la façade. Cette disposition permet de créer une légère ombre au droit des anciennes ouvertures afin de ne pas complètement effacer leurs traces, tel un palimpseste d’une époque passée. Trois nouvelles fenêtres sont judicieusement positionnées sur la façade principale à l’Est pour répondre aux besoins du programme et à la configuration intérieure remaniée de la maison existante.
Les nouveaux chais, légèrement enterrés pour ne pas s’imposer à la maison existante, se révèlent comme un monolithe en béton. Choisi pour ses qualités thermiques, le béton permet de maintenir une température stable et tempérée, tout au long de l’année, à l’intérieur des espaces dédiés à la vinification. Le lien entre les deux monolithes minéraux, celui en pierre et celui en béton, est assuré par la nouvelle toiture en béton de la salle de réception qui prolonge celle de l’aile Sud de la maison au-dessus des chais, en direction des vignes et de la vallée de la Dordogne. La surface extérieure des éléments en béton, avec sa teinte ocre- jaune et sa légère texture, renforce la relation intime entre les deux entités. Le bâtiment des chais s’adapte à la présence de l’ancienne maison en établissant avec elle un dialogue subtil et non un rapport de force.
En façade des chais, les fentes horizontales et verticales subdivisent le large volume du nouveau bâtiment et apportent de la lumière naturelle à l’intérieur du chai principal. Les grandes portes en bois en façade Sud, semblables à des éléments de mobilier indépendants, rappellent l’époque médiévale et permettent aux espaces de travail de s’ouvrir largement sur l’extérieur pendant la période de vendanges. Les poutres en béton de la toiture sont un rappel aux sillons Romains, technique ancestrale de la culture de la vigne dont certaines traces sont encore présentes à Saint-Émilion. Certaines de ces poutres ont été partiellement évidées pour permettre une ventilation d’air naturelle et un rafraichissement (free-cooling) des espaces de travail en été.
Le chai Bélair-Monange se compose de quatre quadrants symétriques implantés le long d’une allée centrale, à la fois circulation principale du projet mais surtout hommage à l’architecture souterraine de Saint-Émilion (carrières, Église monolithique). Cette allée en béton brut texturé, exprime sur ses parois et son plafond le motif inspiré d’une gravure d’Albrecht Dürer de 1504 « Joachim et l’Ange », également représentée sur les étiquettes du premier vin « Château Bélair-Monange ». Un grand escalier creusé dans le volume unifie les quatre espaces clés de travail – le cuvier, la réception-vendange et les deux chais à barriques. La salle de réception située au dernier niveau est entièrement ouverte sur le paysage et la vallée de la Dordogne.
Engagement avec le terroir
Apprendre et découvrir la production de la viticulture sur place contribue au développement culturel de la région. Le chai Bélair-Monange a été conçu pour répondre non seulement aux besoins fonctionnels du personnel et aux événements privés du client, mais aussi pour accueillir des visiteurs du monde entier. Le projet s’articule autour de la création d’un vin exprimant le véritable potentiel du vignoble, le nouveau chai reflétant la minéralité du site et le futur vin qui sera produit dans ses murs.