AnimĂ©, dense, le centre-ville de la presquâĂźle entre RhĂŽne et SaĂŽne sâavance au sud en direction de la confluence des deux riviĂšres. SituĂ© Ă lâest du Cours Charlemagne, axe principal de la presquâĂźle, que, du nord au sud, il parcourt sur toute sa longueur, le site de Lyon Confluence 2 sâĂ©tend jusquâau front du RhĂŽne et comprend essentiellement un terrain anciennement dĂ©diĂ© Ă un marchĂ© de gros. Le plan directeur dĂ©veloppĂ© pour son amĂ©nagement remonte Ă un concours sur invitation que Herzog & de Meuron a remportĂ© avec Michel Desvigne en 2009.
Efficience administrative et engagement personnel
Comme dans dâautres villes de France, une SociĂ©tĂ© publique locale (SPL) a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e en 2003 pour le dĂ©veloppement de Lyon Confluence 1+2. PrĂ©sidĂ©e par le PrĂ©sident de la MĂ©tropole de Lyon, dirigĂ©e par des personnalitĂ©s compĂ©tentes, elle est outillĂ©e pour planifier, dĂ©cider et rĂ©aliser avec efficacitĂ©. Maire de Lyon de 2001 Ă 2017, GĂ©rard Collomb, a pilotĂ© le dĂ©veloppement de Lyon Confluence avec une grande prĂ©sence. Chez lui, nul autoritarisme, mais un sens Ă©levĂ© de lâengagement, du dĂ©vouement et de ses responsabilitĂ©s, doublĂ© dâune pratique exemplaire de la concertation dans sa maniĂšre dâassocier la population au projet.
Les tĂąches des urbanistes
Herzog & de Meuron et Michel Desvigne ont Ă©laborĂ© avec la SPL un Plan local dâurbanisme (PLU) officialisĂ© en 2012. Poursuivant leur collaboration au titre de lâassistance au maĂźtre dâouvrage (AMO), les auteurs du plan directeur ont ensuite Ă©tabli pour les promoteurs candidats Ă la rĂ©alisation dâun Ăźlot ou pour les Ă©quipements publics Ă rĂ©aliser par la Ville des cahiers des charges dĂ©taillĂ©s servant de base pour des concours ou le dĂ©veloppement de projets dĂ©diĂ©s Ă des Ăźlots dĂ©terminĂ©s. Pour les infrastructures du nouveau quartier (lignes de tram, ponts, centrales de chauffage Ă distance, etc.) des bases comparables ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©es. Depuis 2016, Herzog & de Meuron ainsi que Michel Desvigne continuent de siĂ©ger en qualitĂ© de consultants dans les jurys des concours et dâĂȘtre sollicitĂ©s pour lâassurance qualitĂ© au fur et Ă mesure quâavancent les projets urbanistiques, architecturaux et paysagers.
La désignation des architectes
Le plan dâurbanisme et les cahiers des charges dĂ©finissent en grande partie le volume et lâimplantation des bĂątiments, la largeur des rues, la rĂ©partition des usages, ainsi que les rĂšgles fondamentales concernant les bĂątiments et lâespace public. Pour que ce dernier prenne son aspect matĂ©riel, en revanche, il faut attendre que le plan se transpose en architecture. Pour Lyon Confluence 2, les architectes sont dĂ©signĂ©s selon un modĂšle combinant mandats directs et concours. Pour les grands Ăźlots, un âchef dâĂźlotâ, Ă savoir un architecte Ă©tabli, est dĂ©signĂ©. Celui-ci conçoit un ou plusieurs bĂątiments, propose dâautres architectes pour Ă©valuation par la SPL et les promoteurs, coordonne les travaux de ceux qui ont Ă©tĂ© dĂ©signĂ©s et contrĂŽle tout au long de la planification et de la construction la qualitĂ© et la cohĂ©rence de âsonâ Ăźlot. Ce modĂšle fait que planifient et construisent ensemble la Confluence des personnalitĂ©s internationales de lâarchitecture, des architectes de Lyon et sa rĂ©gion et des jeunes talents. Pour les meilleurs des architectes encore en quĂȘte de renommĂ©e, mais ayant dĂ©jĂ Ă leur actif de premiĂšres rĂ©alisations, ĂȘtre contactĂ©s par un collĂšgue Ă©tabli leur proposant une collaboration est Ă©videmment une expĂ©rience des plus motivantes. Un âchef dâĂźlotâ met en outre son expĂ©rience et sa connaissance des processus au service de la qualitĂ© de lâarchitecture, et ce pour ses propres bĂątIments aussi bien, si besoin, que pour celles de ses collĂšgues. Pour les Ă©difices publics, les ouvrages individuels et les petits Ăźlots, la mĂ©thode est celle, classique, des concours dâarchitectes.
Le pilote A3 et son Ă©quipe
Dans les neuf bĂątiments de lâĂźlot conçus et construits par six architectes se manifestent pour la premiĂšre fois les principes du plan directeur et du postulat de lâunitĂ© dans la diversitĂ©, Ă savoir animation du sol urbain, mĂ©tissage des usages, contiguĂŻtĂ© de lâancien et du nouveau, interactions des bĂątiments de taille diffĂ©rente, permĂ©abilitĂ© visuelle, rĂ©seaux de chemins publics, cohĂ©rence de lâespace public et de sa vĂ©gĂ©talisation. Le promoteur en concertation avec la SPL a instituĂ© Herzog & de Meuron âchef dâĂźlotâ du projet pilote et Michel Desvigne architecte paysagiste de celui-ci. Pour dĂ©signer Icade a Ă©tĂ© organisĂ© un concours exigeant des investisseurs potentiels quâils sâengagent par rapport Ă des facteurs qualitatifs tels quâune mixitĂ© programmatique dĂ©taillĂ©e, une durabilitĂ© sociale et Ă©nergĂ©tique, les prix de location et de vente ainsi que les objectifs de coĂ»ts des bĂątiments, et ce sans prĂ©senter de projets architecturaux. Ensuite, de nombreux architectes ont Ă©tĂ© proposĂ©s par Herzog & de Meuron. Parmi ceux-ci, quatre ont Ă©tĂ© choisis en concertation avec la SPL et Icade: Tatiana Bilbao (Mexico), Christian Kerez (Zurich), Manuel Herz (BĂąle) et AFAA (Lyon). En plus dâĂȘtre chargĂ© de la conception de deux projets et des sous-sols de tous les bĂątiments, AFAA a Ă©galement assurĂ© la coordination des plans. De son cĂŽtĂ©, Didier Dalmas, un architecte lyonnais, a remportĂ© le concours public concernant la transformation dâune halle oĂč se tenait anciennement le marchĂ© aux fleurs.
Travailler ensemble
La planification et lâexĂ©cution des neuf immeubles a Ă©tĂ© un processus Ă tout point de vue complexe, portĂ© et articulĂ© de façon constructive et enrichissante par tous les participants. Cinq ans pendant lesquels les divers acteurs des bureaux dâarchitecture se sont rendus un nombre incalculable de fois Ă Lyon â et parfois Ă BĂąle â pour assister Ă des ateliers de coordination, des rĂ©unions de planification et des visites de chantier avec des reprĂ©sentants de la ville, de la maĂźtrise dâouvrage ainsi que des entreprises. En 2015, des modĂšles de façade de tous les bĂątiments ont Ă©tĂ© construits et Ă©valuĂ©s sur place, en grandeur nature, afin dâen accorder les rapports rĂ©ciproques. Les ouvrages rĂ©alisĂ© aujourdâhui sont les tĂ©moins silencieux de cette Ă©norme somme dâefforts: se rĂ©fĂ©rant les uns aux autres, ils offrent tantĂŽt de subtiles affinitĂ©s, tantĂŽt de piquants contrastes.
Affinités des matériaux
Au choix du bĂ©ton brut pour les façades, il nây avait ni prĂ©alable absolu ni prĂ©fĂ©rence particuliĂšre. Il sâest imposĂ© de lui-mĂȘme, au fur et Ă mesure que la planification et la configuration des projets faisaient ressortir une diversitĂ© dâexpression des bĂątiments elle-mĂȘme due aux usages et aux typologies dâhabitation ainsi quâĂ la griffe personnelle des auteurs. Le choix dâun matĂ©riau uniforme tient aussi, pour partie, Ă lâexpĂ©rience que lâentreprise LĂ©on Grosse possĂšde de la construction en bĂ©ton. MalgrĂ© des budgets aux normes du marchĂ© et le peu de temps Ă disposition, les responsables, ainsi participant au processus de crĂ©ation, se sont pris au jeu de cette recherche portant sur des coffrages en planchettes de bois Ă des coffrages mĂ©talliques cintrĂ©s, de matrices de surface Ă des embrasures de fenĂȘtre prĂ©fabriquĂ©es, des parois en bĂ©ton moulĂ© Ă double coque Ă des supports en bĂ©ton estampĂ©s sur place.
LâunitĂ© dans la diversitĂ©
Le plan dâurbanisme ne se borne pas Ă la volumĂ©trie des bĂątiments. Ses spĂ©cifications architecturales visent Ă gĂ©nĂ©rer pour le nouveau quartier de lâunitĂ© dans la diversitĂ©. Elles invitent architectes et promoteurs Ă ne pas donner dans lâemphase, le spectaculaire ou les couleurs criardes pour dĂ©finir lâidentitĂ© des immeubles, mais Ă travailler sur des typologies de logement intĂ©ressantes et des dĂ©tails spĂ©cifiques. Pour les façades des bĂątiments, dâĂ©chelle trĂšs inĂ©gale, la prioritĂ© est donnĂ©e aux matĂ©riaux minĂ©raux ainsi quâaux coloris clairs, Ă un camaĂŻeu de blanc Ă lâimage de celui des vieux quartiers lyonnais et, plus encore, du front du RhĂŽne. Comme toute rĂšgle, celle-ci connaĂźt bien entendu des exceptions. Par exemple le bois sombre dâune petite maison de lâĂźlot A3 ou le pavillon en argile de lâĂźlot B2, soit encore, sur lâĂźlot C1, tout en noir, lâĂ©cole dâarchitecture.
BientĂŽt 30 bĂątiments Ă Lyon Confluence 2
Deux autres immeubles de logements sociaux ainsi que lâun des parkings centraux sont dĂ©jĂ en cours de construction et les Ăźlots suivants se trouvent Ă un stade de planification avancĂ©. Pour lâĂźlot B2, qui complĂ©tera lâEsplanade François Mitterrand, Ogic comme promoteur, avec lâĂ©quipe Diener & Diener (BĂąle) et ClĂ©ment VergĂ©ly (Lyon) sont sortis vainqueurs dâun concours dâarchitectes classique (avant: investisseurs-architects. La procĂ©dure de mise en concurrence organisĂ©e pour le troisiĂšme Ăźlot, lâĂźlot A1/A2, a Ă©tĂ© remportĂ©e par Bouygues comme promoteur et David Chipperfield (Londres) comme âchef dâĂźlotâ, qui se sont adjoint Aires Mateus (Lisbonne) et lâAtelier Vera (Lyon). Les cinq prochaines annĂ©es devraient voir lâachĂšvement dâune trentaine de bĂątiments, soit prĂšs du tiers de ceux des quatorze Ăźlots que compte le quartier de Lyon Confluence 2.
Lyon Confluence 2 plan directeur
Lyon Confluence 2 englobe le Quartier du MarchĂ©, un quartier urbain mixte au nord, la Transversale, un boulevard aboutissant Ă lâouest comme Ă lâest Ă des ponts enjambant les deux riviĂšres, et le Champ, un espace naturel sâĂ©tendant jusquâĂ la confluence au sud. Le quartier auquel lâĂźlot A3 sert de projet pilote se distingue par une trame de rues simple, des Ăźlots permĂ©ables, une forte densitĂ©, des usages mixtes, des typologies de bĂątiment diffĂ©rentes ainsi que par les structures dâun marchĂ© de gros abandonnĂ©. Le but: donner vie Ă lâespace public et crĂ©er de la mixitĂ© sociale. Ă cette diversitĂ©, les spĂ©cifications architecturales du projet donnent de lâunitĂ©. Vu la situation centrale de Lyon Confluence, les places de parking sont peu nombreuses et les bĂątiments ont Ă respecter des indicateurs Ă©nergĂ©tiques trĂšs contraignants.
Typologies et identité
Une multiplicitĂ© de typologies de logements confĂšre aux immeubles de lâĂźlot A3 un caractĂšre spĂ©cifique contribuant Ă la mixitĂ© sociale du quartier. La plupart des appartements sont soit des appartements dâangle, soit des traversants. Des typologies en demi-niveaux voisinent avec des maisons de ville en duplex. La cour commune est activĂ©e via des escaliers extĂ©rieurs, des coursives, des terrasses et des balcons. Deux architectes ont utilisĂ© des arrondis comme Ă©lĂ©ments architecturaux, un autre a sculptĂ© ses bĂątiments en leur donnant des plans diffĂ©rents. Les deux immeubles de bureaux se distinguent par des grandes surfaces vitrĂ©es â dont un par des piliers extĂ©rieurs.
Animation et mixité
Satisfaisant aux normes dâensoleillement que ce plan dâurbanisme dĂ©finit pour les logements, les immeubles de bureaux et dâhabitation entourent de leur diversitĂ© la cour jardinĂ©e. Lâoffre combinĂ©e de logements sociaux, subventionnĂ©s et en propriĂ©tĂ©, tels quâils se cĂŽtoient le long de lâEsplanade François Mitterrand, induit la mixitĂ© sociale. Un immeuble de bureaux grand standing donne sur le Cours Charlemagne, un deuxiĂšme, plus petit, sur la Rue Casimir PĂ©rier crĂ©e le lien avec le quartier historique de Sainte-Blandine. La halle du marchĂ© aux fleurs de lâancien marchĂ© de gros de la rue Smith a Ă©tĂ© reconvertie en gymnase publique. Des usages de rez-de-chaussĂ©e sont financĂ©s par ceux des Ă©tages supĂ©rieurs afin dâanimer le sol urbain.
La cour jardinée
La cour de lâĂźlot A3 sâinscrit dans une continuitĂ© jardinĂ©e au cĆur du nouveau Quartier du MarchĂ©. Son traitement unitaire est un Ă©lĂ©ment identitaire de lâĂźlot. Le revĂȘtement en stabilisĂ© et la plantation dense dâarbres de grand dĂ©veloppement lâassocient au vocabulaire dâamĂ©nagement lyonnais. La canopĂ©e est composĂ©e dâespĂšces locales caduques qui filtrent la lumiĂšre du soleil lâĂ©tĂ© et garantissent lâensoleillement en hiver. Cette masse arborĂ©e est sculptĂ©e de clairiĂšres oĂč est disposĂ© le mobilier. Les couvre-sols aux pieds de certains arbres et trois noues vĂ©gĂ©talisĂ©es le long des bĂątiments crĂ©ent des lieux intimistes. Ils masquent les rez-de-chaussĂ©e tout en dĂ©gageant un espace cohĂ©rent et gĂ©nĂ©reux au centre de la cour. Les usages des rez-de-chaussĂ©e animent le sol urbain.
Vivre dehors
Lyon Ă©tant une ville presque mĂ©diterranĂ©enne, les architectes de lâĂźlot jouent de son potentiel climatique pour Ă©tablir de façon contrastĂ©e, mais en lui donnant du liant, la dimension sociale et architectonique de leurs immeubles. Il nây a pas que des loggias et des balcons, il y a Ă©galement des coursives et des escaliers extĂ©rieurs, qui favorisent les rencontres et Ă©changes entre habitants Ă lâintĂ©rieur des immeubles ou Ă travers la cour commune. Des balcons et des escaliers, on communique Ă©galement avec les gens se tenant en bas, dans la cour. La spĂ©cificitĂ© de ces Ă©lĂ©ments, ronds, revĂȘtus de bois, superposĂ©s ou dĂ©calĂ©s, Ă deux Ă©tages, en retrait ou en saillie, donne aux immeubles de lâidentitĂ©.