PlutĂŽt que de rĂ©partir dans un site paysagĂ© des bĂątiments affectĂ©s Ă des fonctions techniques et institutionnelles sĂ©parĂ©es (selon le modĂšle du campus), nous proposons une forme architecturale unitaire et articulĂ©e qui gĂ©nĂšre un site urbain, Ă la fois monumental et ouvert. Les deux Ă©coles affirment leur identitĂ© propre dans une forme commune. Les espaces intermĂ©diaires, les lieux de rencontre et de convivialitĂ© font partie intĂ©grante dâun ensemble qui connaĂźtra un usage Ă©largi lorsque les trois autres Ă©coles auront Ă©tĂ© implantĂ©es. Dans lâimmĂ©diat, le bĂątiment peut dĂ©jĂ ĂȘtre investi partiellement par les habitants du quartier et les visiteurs du parc. Cette accessibilitĂ© est favorisĂ©e par une galerie et une promenade, qui sont le prolongement du parc dans le bĂąti mĂȘme de lâEcole des Mines et de lâInstitut Jean Lamour.
La forme architecturale du projet est basĂ©e sur la notion de tissage. Sa genĂšse peut ĂȘtre dĂ©composĂ©e en trois phases. Dans un premier temps, deux trames directionnelles sont mises en place sur le site. Celle de lâEcole des Mines est issue du tissu urbain et celle de lâInstitut Jean Lamour sâadapte aux contraintes naturelles du site. Suivant la direction de ces trames viennent se positionner les Ă©lĂ©ments programmatiques de chaque Ă©cole, parallĂšles et directionnels.
Ces vecteurs convergent et crĂ©ent un entrelacement. Le point de rencontre des deux directions devient lâespace central du projet : lâespace ARTEM. Câest le moment oĂč la galerie croise lâaxe sud-nord du parc. Y sont regroupĂ©s les accĂšs aux Ă©coles, aux espaces dâexposition et aux espaces partagĂ©s. Enfin, des diagonales introduisent une complexitĂ© et des perturbations dans ce systĂšme linĂ©aire. Elles reprĂ©sentent lâactivitĂ© et sont les lieux dâĂ©change et de diffusion dâĂ©nergies. Elles ont Ă©galement un impact sur les façades, dans lesquelles elles crĂ©ent des points de fragmentation.
Le bĂątiment se compose de trois segments imbriquĂ©s sur quatre niveaux, auxquels sâajoute un espace en sous-sol pour les laboratoires de lâInstitut Jean Lamour. Les deux segments latĂ©raux (Ecole des Mines cĂŽtĂ© place de Padoue, Institut Jean Lamour cĂŽtĂ© place du marchĂ© dâHaussonville) convergent dans le troisiĂšme, central, dĂ©volu aux espaces partagĂ©s. Largement ouverte au public, la galerie intĂ©rieure de lâEcole des Mines accueille des commerces ainsi quâun restaurant et une bibliothĂšque universitaires; une promenade, surĂ©levĂ©e au niveau 1, permet de traverser lâInstitut Jean Lamour sans interfĂ©rer avec son fonctionnement.
Les façades du bĂątiment se situent Ă ses deux extrĂ©mitĂ©s, qui correspondent aux entrĂ©es du site. La forme unitaire dessine un coude, articulĂ© par lâespace ARTEM. La densitĂ© du bĂątiment varie selon les niveaux et les segments. Sur lâensemble du bĂątiment, le niveau 2 est le plus dense ; les espaces partagĂ©s se densifient progressivement dans les hauteurs, tandis que la dissymĂ©trie entre les deux segments latĂ©raux est accentuĂ©e au dernier Ă©tage. Ce jeu des densitĂ©s rĂ©sulte de lâusage dâune unitĂ© modulaire : un parallĂ©lĂ©pipĂšde de 5 mĂštres de large, de longueur variable. LâĂ©chelle monumentale est ainsi nuancĂ©e et adaptĂ©e au parti pris dâouverture qui caractĂ©rise lâensemble du projet. Depuis le fond du parc au nord, ou des rues adjacentes au sud, le bĂątiment prĂ©sente un profil irrĂ©gulier qui correspond Ă la permĂ©abilitĂ© des volumes intĂ©rieurs.
FondĂ©e sur les idĂ©es de tissage et dâarticulation, la logique du bĂątiment est ouverte aux extensions prĂ©vues par le projet ARTEM. Sur le segment central pourra venir se connecter, dans lâaxe nord-sud du site, lâĂ©quipement prĂ©vu pour lâICN et lâIAE. LâENSA, elle, pourra se diffuser en constellation dans le parc, en bordure de lâEcole des Mines. Cela permettra de rejouer lâunitĂ© modulaire du bĂątiment principal sur le mode de la dispersion. LâinterpĂ©nĂ©tration des volumes du bĂąti et des intervalles de lâespace public sera alors Ă©tendue dans une Ă©chelle dâintimitĂ©.
Herzog & de Meuron, 2006